Articles (en français)

Une lettre de son Eminence, le Métropolite Michel Laroche
à un Enfant spirituel

Baptême des Larmes et vision des péchés

Cher  enfant  en Jésus Christ

Saint Syméon le Nouveau Théologien a été et demeure la porte par laquelle le Seigneur m’a introduit dans la vie ascétique Orthodoxe. J’avais 23 ans lorsque le Seigneur m’a fait lire les Catéchèses dont l’expérience du second baptême, autrement dit : « le baptême des larmes est plus grand que le premier baptême à condition que l’on ait reçu le baptême sacramentel » ( Saint Jan Climaque) ; « le baptême des larme est la réalité même du baptême, alors que le premier baptême n’en est que le symbole » ( Traité Gnostique et Pratique de Saint Symén le NT)   « Ces larmes qui sont même plus grande que le baptême du sang pourtant terni par aucun autre péché , parce que  seules elles  ont le pouvoir d’effacer les péchés commis après le baptême sacramentelle »(Saint Grégoire de Naziance).

Se voir pécheur est un charisme car dans la théologie orthodoxe, il n’existe pas à, proprement parlé de « théologie morale ». Certes elle existe dans des livres, mais elle est totalement absente de l’authentique expérience spirituelle.

Les notions de péchés ne sont pas regardés dans notre Eglise dans un catalogue du bien et du mal comme l’arbre situé au milieu du Paradis.

Saint Abba Iasïe du désert de Scété écrivait ( je paraphrase) : «  Nul s’il n’a reçu au préalable le charisme de l’amour ne peut discerner en lui le péché de la haine. Nul s’il n’a reçu au préalable le charisme de la douceur ne peut discerner en  lui le péché de l’irritation. Nul s’il n’a reçu au préalable le charisme de la Paix ne peut discerner en  lui le péché de la colère. Nul s’il n’a reçu au préalable le charisme de la patience ne peut discerner en  lui le péché de l’impatience. Nul s’il n’a reçu au préalable le charisme de la miséricorde ne peut discerner en  lui le péché du jugement. » C’est par la lumière de chaque fruit du Saint Esprit, comme sont nommés les charismes par l’apôtre Paul, que l’orant discerne l’ombre du péché.  Sans lumière préalable pas de vison charismatique des péchés. Chaque charisme permet au spirituel de discerner le péché opposé. 

C’est une théologie de la lumière et non pas de valeurs morales. Seul le démon nous montre le péché en tant que valeur morale que l’on peut transgresser au nom de nouveauté dans les codes humains des valeurs morales. Hier l’adultère était condamné par la société chrétienne, aujourd’hui il est devenue monnaie courate ? Hier l’avortement était un péché aujourd’hui il est un droit de la femme. Hier les unions homosexuelles étaient lourdement condamnées par mes tribunaux, aujourd’hui elles sont légitimées par les lois de la république. Hier des parent pouvaient donner des fesser à leurs enfants, aujourd’hui ils peuvent être poursuivis par les tribunaux. La notion de transgression basée uniquement sur les valeurs morales de notre société avec l’apport des philosophes voir de certains théologiens, est catastrophique pour la vie de l’âme. Je ne porte aucun jugement en donnant ces exemples  cela sur les personnes adultères ( le Christ à accueilli le femme adultère en lui pardonnant ses péchés)   ou des personnes homosexuelles, ou des femmes ayant avorté. Tout  être que le Seigneur aime comme il aime tous les pécheurs dont je suis le premier. Mais je m’applique à moi-même comme à eux l’adage patristique « Aime le pécheur et aie le péché » ! Ayons de la compassion pour ces personnes comme pour tous les êtres  humains dans nos faiblesses ,  mais ne tombons pas dans l’erreur de justifier le péché en disant qu’il n’est pas un péché.

Reprenons le sujet à son commencement ascétique : « Plus les saints s’approchent de Dieu plus ils se voient pécheur » ( Saint Dorothée de Gaza) car plus ils avance vers la « Vrais Lumière, d’avantage la véritable Lumière qui est le Christ les éclaire sur eux-même et manifeste en les discernant en eux les ténèbres de leurs péchés de la lumière incréée et divine déposée par sa grande miséricorde en eux.

Saint Isaac le Syrien écrit  « Celui qui voit ses péchés est plus grand que celui dont la prière ressuscité un mort. » Un disciple questionna son Abba : »Pour Abba ceci ? Celui dont la prière ressuscite un mort est forcément un très grand saints. L’Abba répondit : « Celui qui ressuscite un mort n’a ressuscité qu’un mort extérieur alors que celui qui voit ses péchés et pleure sur eux ressuscite son mort intérieur, c’est-à-dire son âme, plus précieuse au yeux du Seigneur que toute Sa création. Sans les larmes personne n’est sauvé. Regarde les larmes du Roi David, celles de la pécheresse, les gémissements du Publicain les larmes de Pierre après son apostasie. Sans les larmes personne n‘est sauvé et par les larmes de la Mère de Dieu auprès du Christ Crucifié sur la Croix  les hommes ont été à nouveau justifiés, car les larmes de la Mère de Dieu contribuent au salut de tous et du monde. »

Avec amour en Christ

+Métropolite Michel 



Une analyse ecclésiologique du Tomos d’Autocéphalie de l’Eglise Orthodoxe de Pologne en 1924 
dans la perspective de l’autocéphalie de l’Église Orthodoxe d’Ukraine et du futur Concile Pan-Orthodoxe.


Par Son Eminence le Métropolite Michel Laroche

Lorsqu’en 1924 un Tomos d’autocéphalie fut accordée à la demande conjointe de l’épiscopat du Peuple Royal et de l’Etat souverain polonais à la Métropole de Pologne, cette autocéphalie rencontra la plus vive opposition à la fois du Patriarcat de Moscou et de certains membres de l’épiscopat russe et du clergé russe demeurés en Pologne. 

Nous observons tout ce qu’il y a de comparable entre la situation dans les années situées entre 1919 et 1924 de l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne située en Pologne, et la situation aujourd’hui en Ukraine : d’un côté une Eglise patriotique qui comprend 40% de la population et de l’autre une Eglise ukrainienne pro-russe qui comprend 20% de la population, et qui soutient l’invasion d’une partie de son territoire par les armées russes bénies par le patriarche Kyrill de Moscou. 

Nous avons publié l’année dernière en ukrainien un ouvrage intitulé « Une première autocéphalie ukrainienne » qui relate en détail toute l’histoire et dans lequel sont publiés les principaux documents canoniques de l’époque concernant cette première autocéphalie Ukrainienne ; tant les décrets et lettres du Patriarcat de Constantinople que ceux du Métropolite Denys de Pologne ainsi que ceux du Patriarcat de Moscou. Nous y renvoyons les auditeurs de cette conférence. 

Nous voudrions évoquer aujourd’hui les principaux arguments que tous les prédécesseurs de Sa sainteté le patriarche Bartholoméeos sur le trône patriarcal de Constantinople avaient invoqué en se fondant sur les saints canons œcuméniques et généraux, pour accorder l’octroi de cette autocéphalie, malgré la totale opposition du Patriarcat de Moscou qui ne la reconnu jamais, allant même des années plus tard, jusqu’à la re-proclamer en 1948. Aujourd’hui encore, c’est cette seule autocéphalie « moscovite » que reconnaît le patriarcat de Moscou qui ne reconnaît toujours pas celle accordée par le Patriarcat de Constantinople en 1924.

Nous citons en annexe de cette analyse ecclésiologique le Tomos en langue anglaise afin que les Eglises autocéphales qui ne le connaitraient pas puissent en prendre connaissance.

Le Tomos de 1924 précise : « Car il est écrit que la première séparation de notre Siège de la Métropole de Kiev et de la Métropole Orthodoxe de Lituanie et de Pologne, en a dépendu, ainsi que leur intégration au sein de l'Église Moscovite ont été accomplies contrairement au droit canon, comme aussi tout ce qui a été convenu en ce qui concerne la pleine autonomie de l'Église de la Métropole de Kiev, qui, à l'époque, avait le titre Exarque du Siège œcuménique. » Les prédécesseurs du patriarche Bartholoméeos signifiaient qu’en accordant l’autocéphalie à la dénommée « Eglise Orthodoxe de Pologne », cette autocéphalie était en réalité accordée à l’Eglise Ukrainienne située sur l’ancien territoire à la fois national et historique de l’Ukraine, c’est-à-dire sur le territoire canonique de l’ancienne Métropole de Kiev sous le Saint Omophore de son Eglise Mère : le Patriarcat Œcuménique. En précisant ces deux points, le Patriarcat de Constantinople démontrait à l’ensemble des Églises Locales autocéphales Orthodoxes qu’il agissait dans sa propre juridiction canonique et non sur la juridiction, prétendue à cette époque comme aujourd’hui, sur ce territoire, du Patriarcat de Moscou. 

Nous le savons, ce schisme initial (pas celui qu’injustement le Patriarcat de Moscou nous impute aujourd’hui, mais celui qui est à la racine du schisme actuel), a été l’œuvre de la seule Eglise Russe. C’est bien ce que le Tomos affirme lorsqu’ il relate clairement que l’Eglise Russe s’est emparée de la Métropole de Kiev « contrairement au droit canon » en 1685. La Métropole de Kiev qui, preuve de son autonomie dans le Patriarcat de Constantinople, avait conservé le charisme de produire elle-même son saint Myron. Le Tomos fait référence tout aussi catégoriquement à « la pleine autonomie de l'Église de la Métropole de Kiev »

Il est indubitablement question dans ce Tomos de l’octroi sur le territoire national Polonais d’une première autocéphalie Ukrainienne. Car le Tomos se réfère, pour accorder l’autocéphalie demandée par l’épiscopat orthodoxe de Pologne, à la Métropole de Kiev pour parler du territoire canonique de la nouvelle Eglise située dans les frontières de la Pologne.

Rappelons, toujours contre l’avis du Patriarcat de Moscou, que Sa Sainteté le Patriarche Mélétios III Métaxakis en 1923 avec le Saint Synode de la Grande Eglise, avait accordé à l’Eglise d’Estonie l’autonomie au nom du même principe de l’antériorité de la juridiction de la Grande Eglise sur le territoire nationale estonien. Le Patriarcat de Moscou s’y opposa en produisant le schisme qui dure toujours, d’une seconde Eglise autonome russe en Estonie. La présence sur le même territoire nationale de deux Eglise autonomes, l’une Locale Estonienne et l’autre Russe pourrait servir de jurisprudence pour résoudre le situation comparable de deux Eglises en Ukraine, l’une locale ukrainienne et l’autre russe.

Cette situation est effectivement comparable avec celle d’aujourd’hui en Ukraine, sauf sur un point essentiel : celui des enjeux géopolitiques et territoriaux qui ne sont pas les mêmes. Nous pensons que c’est le nombre de près de 20 millions de croyants qui se revendiquent comme appartement au Patriarcat de Kiev qui renforce une opposition acharnée contre notre Eglise de la part du Patriarcat de Moscou, car l’enjeu géopolitique et, également à la clef un enjeu économiques et financier (perte de dons) ne sont pas à une échelle comparable. 

Par sa puissance politique numérique et financière, le Patriarcat de Moscou sait qu’en Estonie le Patriarcat de Constantinople n’envisagera pas de risquer avec lui une rupture de communion pour imposer une seule Eglise autonome reconnue canoniquement par lui. Le statu quo actuel entre le Patriarcat de Constantinople et la Patriarcat de Moscou sur la situation estonienne est en fait un non-problème. Les enjeux géopolitiques sont inexistants, sauf la question de principe sur le droit de chaque nation, avec un certain concours d’un Etat souverain, de revendiquer pour sa nation l’existence d’une Eglise locale autonome ou, si elle est plus importante, comme pour l’Ukraine, d’une Eglise autocéphale.

Rappelons ce que chaque Eglise Locale a connue dans sa propre histoire les/ des longues et douloureuses période de schisme qui ont presque toujours précédé les proclamation d‘autocéphalie avant que celles-ci soient ensuite reconnues par l’ensembles des autres Eglise autocéphales. Cela s’est produit pour le Patriarcat de Bulgarie, le Patriarcat de Serbie, le Patriarcat de Roumanie et l’Eglise autocéphale de l’Hellade. 

Nous faisons la première analyse suivante : Si un bien a été volé par un voleur connu, mais à l’époque intouchable, et qu’il advienne qu’un jour la justice peut être rendue : doit-on laisser ce bien au voleur ou le restituer à son propriétaire ? De plus si le bénéficiaire de ce bien qui n’y a jamais renoncé, revient y vivre: doit-on l’expulser pour le redonner au Voleur ? 

C’est exactement notre situation ! 

A la genèse du schisme actuel il y a l’autonomie volée à la fois au bénéficiaire du bien et au propriétaire du bien : Le bénéficiaire du Bien est la Métropole autonome à rang d’exarchat de Kiev et de toute la Russ’Ukraine. Et le propriétaire du bien : le détenteur du pouvoir canonique supérieur : le Patriarcat de Constantinople. C’est le vol de 1685, lorsque Moscou s’empara pour son propre compte de la juridiction canonique supérieure du Patriarcat Œcuménique sur la vénérable Métropole de Kiev, Mère de toutes les Eglises Russ’.

L’iniquité et le désordre ecclésiologique aussi bien que canonique produit par le Patriarcat de Moscou en 1685 a été courageusement et partiellement réparé avec le Tomos de 1924, en deux étapes, comme cela a été déjà réalisé une première fois par les prédécesseurs de Votre Sainteté :

Le Métropolite Denys écrivait en 1923 au prédécesseur de bienheureuse mémoire du patriarche Bartholoméos, Sa Sainteté Mélétios IV, pour faire confirmer son élection et l’autonomie de sa métropole : « Pour exprimer leur consentement à l'exécution de cette décision ainsi que sur la demande du Gouvernement, considérant l’absence de patriarche à Moscou, réclamant la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche œcuménique afin d'être confirmé comme « Métropolite de l’Eglise Orthodoxe Métropolitaine de Pologne » . Le Métropolite Denys recevra la réponse suivante de la part de Sa Sainteté le patriarche Mélétios IV dans un télégramme : « Au fond de mon cœur choqué par la triste nouvelle de la mort tragique du Métropolite George, Nous sommes heureux d'apprendre aujourd'hui le rapport officiel des évêques que vous, Votre Eminence, ayez été élu successeur de la personne décédée. Sur la base de la décision du Synode local, nous, avec notre bénédiction, notre frère en Christ, vous avons alloué les mêmes pouvoirs ainsi que l’avait fait le patriarche Tykhon à votre prédécesseur, au rang de métropolite de Varsovie et de toute la Pologne. Mélétios IV Archevêque de la Nouvelle Rome, Patriarche Œcuménique.» Il est plus qu’évident que ces pouvoirs évoqués n’étaient pas de même nature que ceux consentis par Moscou . La confirmation de l’élection du nouveau métropolite désigné par l’ensemble de l’épiscopat Orthodoxe de la Pologne en Ukraine selon le Canon 34 apostolique, avec la mention « les mêmes pouvoir » font référence à l’autonomie d’un exarque mentionné avec précision dans le Tomos d’autocéphalie et cette fois-ci restaurée et confirmée par le patriarche œcuménique au nouveau primat de Pologne.

Nous constatons que deux étapes majeures ont été observées dans l’octroi de l’autocéphalie à la Métropole de Pologne. 

La première étape : 

Après avoir entendu oralement et par écrit les demandes répétées et conjointes de l’Etat polonais et de l’Eglise ukrainienne en Pologne ainsi que les protestations plus que virulentes, comme celles d’aujourd’hui, du Patriarcat de Moscou, le Patriarcat de Constantinople reconnaissait unilatéralement pour l’Eglise de Pologne en 1924 l’autonomie, telle qu’il l’avait accordé des siècles auparavant, à la Métropole de Kiev. 

Cette reconnaissance de l’autonomie (qui annonçait la prochaine autocéphalie) avait été accordée, il est vrai, dans des circonstances très particulières qui ne sont pas sans évoquer les violences actuelles que subissent nos églises et monastères avec notre clergé et notre peule dans certaines parties de l’Ukraine. 

Il aura fallu que se produise l’assassinat dramatique le 8 février 1923 par l’archimandrite pro-russe Smaragd Latyshenko du Métropolite Georges de Pologne, pour que l’autocéphalie soit accordée. Tous les historiens en conviennent, c’est cet assassinat par un Caïn russe qui avait achevé de discréditer l’ensemble des évêques et prêtres pro-russes qui jusque-là s’opposaient à l’autocéphalie. Ils ne pouvaient plus se solidariser d’avantage avec un assassinat qui stigmatisait d’autres violences qui s’étaient produite à l’époque, tout comme celles qui se déroulent d’aujourd’hui en Ukraine. Le patriarche Mélétios IV s’empressait de restaurer l’autonomie de la Métropole de Pologne, non pas dans les termes restreints du Patriarcat de Moscou, mais dans l’exacte autonomie que le Patriarcat Œcuménique avait accordé dans les siècles passés à la Métropole de Kiev. 

En aucun cas, le Patriarcat de Constantinople n’avait « ex nihilo » accordé d’emblée l’autocéphalie à l’Eglise Ukrainienne située en Pologne sans passer d’abord par cette première étape : restaurer l’autonomie de la partie de l’Eglise Kiévienne située dans les frontières de la nouvelle Pologne, et volée en 1685 par l’Eglise russe. 

Cette jurisprudence pourrait être une première étape pour sortir également notre sainte Eglise Ukrainienne de son isolement actuel. Nous nous regardons aujourd’hui, comme Eglise autocéphale patriarcale, mais le patriarche de Constantinople pourrait commencer, comme il l’avait fait pour la métropole de Pologne, par nous considérer dans l’état où nous étions avant d’avoir été volé par l’Eglise Russe : comme une Eglise autonome. Sur cette base, il rétablirait la juste communion entre le Patriarcat de Constantinople (qui est la véritable et incontestable Eglise-Mère de la Métropole de Kiev) et nous, son incontestable, très aimante et véritable Eglise fille. Revenir ainsi dans la situation antérieure d’avant la captation anti-canonique par l’Eglise Russe, de notre territoire métropolitain de Kiev et de toute la Russ’Ukraine.

Nous considérons aujourd’hui comme non-équitable le fait que le patriarcat de Constantinople accorde sa communion, à une Eglise autonome russe en Ukraine, qu’il qualifie et proclame lui-même (dans Son Tomos de 1924) comme anti-canonique. Nous considérons aujourd’hui comme non-équitable que le Patriarcat œcuménique ne rétablisse pas la communion volée par le Patriarcat de Moscou, envers notre véritable Eglise-fille Ukrainienne. Nous affirmons que ce Tomos de 1924 a, comme tous les Tomos d’autocéphalie patriarcaux œcuméniques, valeur de Canon ecclésiologique et s’ajoute aux Saints Canons des Concile œcuméniques et généraux contenu dans le « Pidalion »

Il nous paraît donc que le rétablissement sur cette base initiale d’une communion que de notre propre fait, nous n’avons jamais rompu, rétablirait un équilibre et ouvrirait une large discussion entre nos deux épiscopats à propos du statut canonique d’une Eglise Locale d’Ukraine ; Eglise reconnue par l’Etat ukrainien, (tout comme dans le précédent Estonien). Il nous parait que ce serait-là, la véritable première étape qui pourrait, le temps venu, conduire notre Eglise forte de près de 20 millions de croyants vers son autocéphalie reconnue par notre Eglise Mère.

Personne ne peut faire disparaître l’Eglise Autonome Russe établie en Estonie, pas plus que celle établie en Ukraine par la jurisprudence déjà appliquée et qui existe : reconnaitre l’autonomie initiale et historique avec les mêmes canons, (notamment le canon 28 du Concile de Chalcédoine), de la vénérable Métropole Autonome de Kiev et de toute la Russ’Ukraine qui n’a jamais, de sa propre volonté abandonné le Saint Omophore patriarcal de Constantinople. 

Nous le soulignons avec force : Il ne s’agirait donc, en aucun cas pour le Patriarcat de Constantinople d’accorder une nouvelle autonomie, mais uniquement du rétablissement l’autonomie historique de notre Eglise, autonomie qui était assortie du privilège charismatique de produire son saint Myron.

C’est ce qui, nous le croyons, pourrait constituer une première étape indiscutable du rétablissement de la communion avec notre Eglise-Mère et à travers Elle, avec l’ensemble des Eglises Orthodoxe locales et nationales. 

Et la seconde étape : l’autocéphalie elle-même.

Une seconde étape s’ouvrirait alors ; car conserver le statut d’autonomie à une Eglise Locale multiséculaire, composée aujourd’hui de près de vingt million de croyants, serait sans précédent et sans justification ecclésiologique. 

L’autonomie se conçoit au commencement de l’existence d’une jeune Eglise, mais ensuite, tout comme pour un enfant qui devient adulte et donc responsable de tous ses actes devant la société, quittant l’autorité parentale, il faut à l’âge adulte, lui reconnaitre son état d’adulte. Il n’est pas concevable que notre Eglise qui existe depuis 1088 ne puisse pas avoir son statut d’autocéphalie, alors que les Eglises locales de nations plus jeunes et parfois moins peuplées, y compris l’Eglise de Moscou (née après Kiev), l’ont reçu.

Redisons-le : après le rétablissement de la communion initiale se poserait tous les sujets :

Celui de la demande de l’Etat Ukrainien (déjà faite par les autorités civiles de l’Etat Ukrainien, tout comme en 1919 par l’Etat polonais), qui souhaite l’établissement d’une Eglise nationale autocéphale Ukrainienne. Dans l’intervalle du temps notre Eglise continuerait de se dénommer comme elle l’est aujourd’hui. Le changement de nom ne serait plus un sujet tabou et serait donc abordé. Dans les instances Orthodoxes internationales le Patriarcat Œcuménique s’en tiendrait à la seule appellation que jusque-là il a accordé et reconnu de tout temps : la Métropole Orthodoxe Autonome de Kiev et de toute la Russ’Ukraine. 

La situation du point de vue canonique et ecclésiologique deviendrait comparable à celle existante actuellement en Estonie : Une Eglise locale autonome purement estonienne en communion avec le Patriarcat de Constantinople et non reconnue par Moscou ; et une Eglise autonome Russe en communion avec le Patriarcat de Moscou. Les autres Eglises locales décideraient ou non de rétablir ou établir leur communion avec l’une ou/et l’autre de ces deux Eglises situées sur le même territoire canonique.

Les territoires concernés par la Première autocéphalie Ukrainienne sont pour une grande majorité d’entre eux situés en Ukraine, en particulier la Volhynie et la Galicie. Ce qui signifie que la population qui y habite aujourd’hui se souvient d’avoir appartenue à la première Eglise autocéphale ukrainienne, et ne peut comprendre comment aujourd’hui elle devrait en être dépouillée. D’une manière générale notre Peuple Royal Ukrainien n’admet pas les explications que le Patriarcat de Moscou tente de lui donner qui conduiraient à la priver de ce qu’elle a déjà reçue : sa conscience nationale ukrainienne et l’autocéphalie de son Eglise locale : les deux sont consubstantiels.

Nous considérons que nous remplissons toutes les conditions qui ont abouti à la première autocéphalie ukrainienne de 1924, avec un argument ecclésiologique supplémentaire qui n’existait pas pour la métropole Ukrainienne située en Pologne. Cet argument fut d’ailleurs énoncé par le patriarche Thykon pour refuser cette autocéphalie qui dans une lettre soulignait que ce n’était pas l’Etat d’une nation majoritairement Orthodoxe qui demandait l’autocéphalie polonaise, mais un état majoritairement catholique, ce qui, selon lui, était un motif valable pour la lui refuser . 
Notre nation est indiscutablement majoritairement Orthodoxe, et tout comme en Pologne en 1924, il existe un courant important, mais minoritaire pro-russe défavorable à l’autocéphalie pour les mêmes raisons historiques : pour eux l’Ukraine est russe. 

Nous sommes alors là dans un débat qui n’est plus seulement canonique et ecclésiologique, mais qui est de nature géopolitique, avec en toile de fond, (tout comme en 1924 pour la Pologne), une menace d’invasion par les armées russe du territoire nationale Ukrainien. 

Aujourd’hui les représentants de l’Etat Ukrainien ont de nombreuses fois, au cours de ces dernières années, exprimé auprès du patriarcat de Constantinople et spécialement auprès de sa sainteté le patriarche Bartholoméos, cette demande d’une Eglise Locale autocéphale véritablement ukrainienne. 

Cette condition qui est évoquée dans le Tomos de 1924, est aujourd’hui remplie et caractérisée par une synergie parfaite entre l’Etat Ukrainien et le Patriarcat d’Ukraine : « L'examen de cette demande, avec charité, en prenant en considération les structures des saints canons qui ont établi que le système des affaires de l'église doit correspondre avec les formes politiques et nationales (Concile Œcuménique IV, canon 17, Concile Œcuménique VI, canon 38), ainsi le raisonnement de Photius: « Il est acceptable que les lois qui concernent les affaires de l'église, et les questions en particulier diocésaine, dussent correspondre aux changements politiques et administratifs », autrement dit, s’incliner face aux demandes des obligations canoniques, qui imposent à notre Saint Siège œcuménique de se préoccuper des Églises Orthodoxes, qui sont dans le besoin ». 

Rappelons que c’est la fondation même dans les circonstances dramatiques d’un premier patriarche d’Ukraine qui s’est faite à Varsovie à la demande de l’ensemble des évêques Ukrainiens : Ceux-ci avaient fui la ville de Kiev qui allait être à nouveau annexée par la Russie. Les évêques Ukrainiens désignèrent comme premier patriarche Sa Béatitude Denys Ier de Varsovie sur les fondements même du Tomos de 1924. 

La nouvelle hiérarchie ukrainienne autocéphale élisait solennellement le 9 avril 1944 pour le Dimanche des Palmes, Sa Béatitude le Métropolite Denys (Valedynsky), comme « Patriarche de toute l’Ukraine». Cette élection (qui ne sera pas suivie de l’intronisation, car celle-ci ne pouvait se réaliser qu’à Kiev, alors occupée par l’Armée Rouge), se déroula dans la résidence du Métropolite. En acceptant la dignité patriarcale le nouveau Patriarche de toute l’Ukraine, Denys Ier, prononça en langue ukrainienne une allocution de gratitude aux évêques. Dans celle-ci, il rapportait que depuis son pontificat dans l’esprit du Tomos de 1924, il continuait l’œuvre ecclésiologique des tous les métropolites de Kiev qui avaient lutté pour l’autocéphalie ukrainienne avant lui. Le nom du patriarche Denys Ier, en tant que « Patriarche de toute l’Ukraine », fut commémoré dans les offices divins dans l’ensemble des églises ukrainiennes (autocéphales).

Le Tomos de 1924 qui, selon le Métropolite Denys et la conscience de l’ensemble des évêques Ukrainiens, s’étendait aux territoires libérés (selon les conceptions de l’époque) du joug Russo-soviétique par les armées allemandes. 

C’est ce qui ressort de l’oukase du 24 décembre 1941 promulgué et signé par le Métropolite Denys de Varsovie, nommant l'archevêque Polycarpe Sikorsky : « Administrateur temporaire de l'Église Orthodoxe autocéphale sur les terres libérées de l'Ukraine ». La notion géopolitique de «Terres libérées de l’Ukraine» était, souvenons-nous, partagée par tous les Ukrainiens qui avaient vécu douloureusement l’occupation russo-soviétique (avec la famine organisée par Staline) et plus avant dans le passé, l’interdiction par le Tsar de pratiquer librement leur langue nationale. La notion ecclésiologique d’une : « l'Église Orthodoxe autocéphale sur les terres libérées de l'Ukraine. », était l’interprétation donnée par le courageux Métropolite Denys au Tomos de 1924. Dans cet Ukase du Métropolite Denys Ier, l’autocéphalie de 1924 n’avait jamais été attribuée à la seule Pologne, mais (à partir des territoires canoniques ukrainiens qui l’avaient d’abord reçue en Pologne), elle devait naturellement s’étendre, dès que cela serait devenu possible, à toute l’Ukraine libérée.

Nous souhaiterions que le patriarche Bartholoméos partage cette notion de « territoire Ukrainien libéré de la Russie » et qu’il ne cautionne pas les tentatives d’invasion de notre nation en soutenant le Patriarcat de Moscou et son Eglise autonome russe d’Ukraine qui l’applaudit. 

Un non-engagement ou un silence prolongé de la part du patriarcat de Constantinople cautionnerait tous les sous-entendus géopolitiques territoriaux de la politique conjointe du Patriarcat de Moscou et de l’Etat Russe, comme l’annexion de la Crimée et l’invasion du Dombass. Car la justification du Patriarcat de Moscou (afin que notre Eglise soit rayée de la carte), est que l’Ukraine n’existe ni comme nation, ni comme Eglise : elle est seulement pour Moscou une province russe détachée par l’histoire de la « Sainte Russie ». 

Le Patriarcat de Constantinople a bien commencé en 1924 à accorder l’autocéphalie en pleine connaissance de cause, non pas à une Église Orthodoxe abstraite, éloignée de ses racines et de son histoire, mais à l’ancienne été vénérable Métropole de Kiev dont une partie de son territoire canonique (constitué précédemment en Exarchat autonome), était placée dans un état souverain - la Pologne - qui le lui demandait de concert avec cette Église. Mais C’est bien à la partie située en Pologne de l’Église d’Ukraine que l’autocéphalie de 1924 a été accordée. C’est ce qui ressort du passage du Tomos que nous avons analyser plus haut : « Car il est écrit que la première séparation de notre Siège de la Métropole de Kiev et de la Métropole Orthodoxe de Lituanie et de Pologne, en a dépendu, ainsi que leur intégration au sein de l'Église moscovite ont été accomplies contrairement au droit canon, comme aussi tout ce qui a été convenu en ce qui concerne la pleine autonomie de l'Église de la Métropole de Kiev, qui, à l'époque, avait le titre Exarque du Siège œcuménique ». 

Pourquoi, dans le cadre de l’État souverain ukrainien (qui en a fait plusieurs fois la demande), le Patriarcat de Constantinople n’étendrait pas à l’autre moitié du territoire national ukrainien (la plus importante numériquement), l’autocéphalie accordé en 1924 à une partie de la Métropole de Kiev en se fondant sur le Tomos de 1924 ?

Soulignons là aussi ce point avec force : Le Patriarcat de Kiev est dans son droit canonique, aussi bien qu’ecclésiologique, de considérer le Tomos de 1924 comme une loi organique ecclésiologique et canonique fondamentale de son existence. 

La seconde partie de notre article : Le prochain (ou les prochains conciles) Pan-Orthodoxe. 

Nous trouvons contraire à l’esprit même de la Tradition concernant la réunion d’un Concile à vocation œcuménique de ne pas y inviter les évêques représentant une fraction importante des nations orthodoxe, au prétexte qu’ils ne sont pas en accord avec les idées du moment, ou dans des schismes qui parfois leur sont imposés injustement. Le seraient-ils même de leur propre responsabilité, il demeurerait contraire à la Tradition de ne pas les inviter au Concile.

Les conciles œcuméniques qui, rappelons-le, étaient rassemblés, non par l’autorité religieuse, mais par celle civile de l’Empereur, (bien que revêtue d’un caractère sacré), n’ont jamais esquivé les problèmes ni les personnes qui les posaient : Les partisans de chaque camps étaient invités et, tous ensemble, après d’âpres discussions, trouvaient la concorde ou l’excommunication : mais jamais, jamais sans avoir été invité à s’expliquer et avoir été entendu. Le Septième Concile Œcuménique illustre cette méthode, car la majorité des évêques qui étaient d’anciens iconoclastes ont pu y participer faire entendre leurs voix et y trouver éventuellement le chemin du repentir. 

Rappelons par exemple qu’au Sixième Concile Œcuménique de Chalcédoine (451) saint Juvénal de Jérusalem qui avait pourtant co-présidé avec l’hérétique Dioscoros, le concile nommé par l’histoire « Brigandage d’Ephèse » (449), au début du concile de 451 faisait partie du camp des monophysite. Il se rangea après avoir fait entendre sa voix, aux conclusions de concile et changea de place pour s’asseoir dans le camp des évêques qui soutenaient le deux natures en Christ. Ecarter d’un concile à prétention œcuménique ceux qui sont soupçonnés d’être hérétiques ou schismatiques est contraire à la Tradition.

C’est cette voix que veulent faire entendre les plus de quarante évêques de l’épiscopat du Patriarcat d’Ukraine autour de la voix de son patriarche : « Voix qui crie dans le désert » ( Jn I, 23 et Isaïe XC, 3)

Nous nous inquiétons que le contexte géopolitique actuel ne rendent pas indépendante de très nombreuses Eglises autocéphales, dont les dirigeants sont engagés géopolitiquement avec les autorités civiles de leurs nations. Nous doutons la sincérité (l’indépendance) de leur jugement ; des décisions qu’ils s’efforceraient de faire adopter au Concile, non en écoutant l’Esprit Saint, mais en étant asservis à l’esprit du Monde. 
Ces Eglise sont connues. 

Deux sujets se sont invités en filigranes dans le prochain concile : La guerre d’invasion entre la Russie et l’Ukraine ainsi que l’invasion par Daech sur une grande partie du territoire canonique (Syrie, Liban, Irak) du Patriarcat d’Antioche, (dont le siège est à Damas). Cette guerre d’invasion menace également le territoire canonique du Patriarcat d’Alexandrie l’Egypte et toute l’Afrique. 

Avec l’entrée au Moyen-Orient des armées Russes pour y combattre Daech, les choix sont devenus extrêmement restreints pour les trois Patriarcats orientaux. En effet, le plus souvent, ceux-ci partageaient jusque-là les positions du Patriarcat de Constantinople. N’oublions pas que l’ensemble des chrétiens orthodoxes du Liban et de Syrie soutient le Président Barchar el-Assad. Celui-ci a toujours protégé du fanatisme intégriste islamiste ce peuple chrétien arabe et syriaque (tout comme le défunt président Saddam Hussein aujourd’hui pleuré par tous les chrétiens d’Irak). 

S’ajoutent à ce triste tableau les menaces du Patriarche Kyrill de Moscou à propos de certains sujets, dont celui de la question de notre Eglise d’Ukraine. Pour l’Eglise du Patriarcat de Moscou, cette dernière ne devra pas être abordée ! C’est une condition sine qua non préalablement posée pour que lui et les évêques de son Eglise soient présents au Concile. 

Ce véritable chantage est une nouveauté absolue contraire à la sainte Tradition. En général, dans l’histoire de l’Eglise ce sont les hérétiques qui avaient peur, comme le patriarche Nestorius, de se présenter au concile et qui refusaient de se rendre aux convocations du Concile pour y défendre leur point de vue ! Les conciles se réunissaient pour résoudre des crises majeures dans l’Eglise comme celles que nous traversons, et aucun patriarche ni évêque n’interdisait d’avance qu’on aborde tel ou tel sujet au prétexte qu’ils étaient trop difficiles à résoudre. C’est exactement l’inverse qui se produisait. 

Les conciles sont là pour invoquer l’assistance du Saint Esprit pour entendre « ce que l’Esprit dit aux Eglises » (Apoc.II, 11). 

Seuls certains empereurs hérétiques ont procédé de la sorte afin d’empêcher que la Vérité soit proclamée, en interdisaient tout débat sur des questions théologiques majeures, comme Héraclius (626-641) et son successeur Constant II (641-668). Nous pensons que les conditions d’indépendance et de justice ne sont pas réunies pour que le Concile puisse délivrer la Voix du Seigneur. 

Le seul bénéfice que nous voyons à cette interdiction du Patriarche de Moscou d’aborder en concile la question de notre Eglise, est qu’il rend immédiatement le patriarche de Constantinople libre d’agir de manière indépendante et hors du Concile, tout comme l’ont fait ses prédécesseurs durant mille ans : selon leur conscience devant Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ le Chef Suprême de l’Eglise.

Conclusion : 

Dans le Tomos de 1924 l’autocéphalie a été accordée à une partie de l’Ukraine, lorsqu’elle se situait dans les frontières d’un Etat étranger : la Pologne. Cela constitue une jurisprudence canonique et ecclésiologique. Selon nous, elle permet au patriarche de Constantinople, (à partir de ce Tomos de 1924), d’étendre cette même autocéphalie au même territoire canonique de l’ancienne Métropole de Kiev, lorsque celui-ci se trouve enfin dans ses propres frontières nationales : celle de l’Etat souverain de l’Ukraine. 

Ajoutons ici, que rien absolument rien n’empêcherait de proclamer unilatéralement cette autocéphalie à partir du Tomos de 1924 et des ukases produis à cette époque par Sa Béatitude le Métropolite Denys de Varsovie. Il considéra toujours l’ensemble du territoire ukrainien comme faisant partie de la vénérable Métropole d’Ukraine dont il se considérait le primat (toujours en se fondant sur le Tomos de 1924). La proclamation de l’autocéphalie de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine-Patriarcat de Kiev ne serait absolument pas celle d’une nouvelle autocéphalie, mais l’extension de celle de 1924 étendue « aux territoires libérés de l’Ukraine ». C’est le sens de l’Ukase adressée courageusement aux autorités Nazies de ce qui restait de la Pologne le 15 juillet 1942 :

« Je ne peux aucunement accepter l'affirmation selon laquelle, dans les circonstances où j'ai prêté serment et aie été reconnu par le gouverneur général Frank chef de l'Église Autocéphale sous la Gouvernance générale, puisse diminuer les frontières de ma juridiction d'Église seulement à la frontière de ce territoire. Je trouve une telle affirmation tout à fait injustifiée canoniquement. Se mélangent, ici, la notion de juridiction canonique avec la notion de compétence civile. Au moment de mon serment chez le Gouverneur général, les terres libérées orientales (d’Ukraine) qui entrent dans ma Métropole, ne se trouvaient pas encore dans la sphère des intérêts allemands. Je ne peux donc aucunement reconnaître comme juste l’opinion selon laquelle je n’aurais aucune raison canonique, ou de par des pratiques ecclésiales de faire quelque action que ce soit au-delà des frontières de la Gouvernance générale pour les questions et prérogatives dans ma juridiction d'Église qui lui sont jointes de par les responsabilités que, Moi, en tant que Chef de l'Église locale autocéphale, qui découlent de ces devoirs que me confie le titre que je porte ». 

On pourrait nous objecter que le siège de cette primauté kievienne a été reconnu par Constantinople à Varsovie et uniquement à Varsovie pour les territoires ukrainiens, qui, alors, avaient été absorbés par la nouvelle Pologne. C’est uniquement parce que Kiev était occupée par les Russes que l’autocéphalie ukrainienne fut accordée à partir de la cité de Varsovie. 

Mais, là encore, une jurisprudence ecclésiologique de nombreuses fois pratiquée, démontre que c’est le territoire national même réduit à un petit reste qui l’emporte sur les lieux du siège primatial. Lorsque après la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire demeura de 1204 à 1261 dans des minuscules territoires ayant sa capitale dans la ville de Nicée, le patriarche, dont le célèbre saint Germain III demeurait en titre « patriarche de Constantinople », bien que son siège effectif fut à Nicée.

Personne ne peut laisser en dehors de la communion des Eglises Orthodoxes Locales près de 20 millions de croyants, qui, tout comme les bulgares, les serbes, les roumains et les grecs avant eux, et les macédoniens aujourd’hui, veulent leur autocéphalie.

Éternel est le baptême de Kiev Mère de toutes les Eglises Russ, éternelle est la fabrication du Saint Myron, Signe charismatique de sa quasi autocéphalie accordée par son Eglise Mère le Patriarcat de Constantinople. Nous avons été libérés de la servitude de Pharaon par un nouveau Moïse, notre saint premier patriarche de bienheureuse mémoire Denys (Valedynsky) de Varsovie et de toute la Russ’Urkaine. Cependant, la traversée du désert que constitue la non-reconnaissance de notre canonicité dure encore. Nous sommes revenus libres de l’esclavage de notre fille ingrate, l’Eglise de Moscou. Nous voulons de toute notre force et avec amour pour Notre Eglise Mère le Patriarcat de Constantinople, que celui-ci se comporte comme une Mère aimante, attentive et juste en reconnaissant notre baptême initial ainsi que notre autonomie initiale en vue de notre prochaine autocéphalie. 

Nous proposons à Sa Sainteté notre Patriarche Filaret de Kiev et de toute la Russ’Ukraine et aux membres de l’épiscopat de L’Eglise Orthodoxe d’Ukraine-Patriarcat de Kiev dont nous avons l’immense honneur d’appartenir comme l’un des évêques, de poser comme premier acte de notre autocéphalie : l’introduction du Tomos de 1924 dans les statuts canoniques et ecclésiologique qui définissent notre Sainte Eglise d’Ukraine.

Et comme second acte : d’inscrire dans la liste des patriarches qui ont précédés Sa Sainteté notre Patriarche Filaret de Kiev et de toute la Russ’ Ukraine, comme premier patriarche : Sa Béatitude le Patriarche Denys d’Ukraine.

En accomplissant cela nous démontrons à la Conscience de l’Eglise Orthodoxe, que les actes qui ont précédés l’existence de notre Eglise, sont anciens et vénérables et inscrits dans la plénitude de la Tradition ecclésiologique et canonique de l’Eglise Orthodoxe.

+Métropolite Michel Laroche, le 12 mars 2016.
Conférence donnée à la Cathédrale Sainte Sophie de Kiev le 17 mai 2016.


Métropolite Antoine Bloom

Métropolite Hilarion Alfeyev (photo du World Council of Churches)

INTRODUCTION: 

Lettre de Son Eminence le Métropolite Antoine de Souroj ( Bloom) adressée à l'actuel Metropolite Ilarion Halfeviev Chargé des Affaires extérieures du Patriarcat de Moscou, alors Evêque vicaire auprès du Metropolite en Angleterre. L'être très instructives sur les méthodes de politique musclée issues du sergianisme soviétique qui contamine encore le patriarcat de Moscou par exemple dans ses ambitions de conquêtes sur le territoire canonique du patriarcat de Constantinople en Ukraine."

IL Y A 14 ans...

LETTRE OUVERTE DU MÉTROPOLITE АNTOINE DE SOUROJ À L'ÉVÊQUE HILARION DE PODOLSK (АLFEIEV)

Cher Monseigneur Hilarion, je commence cette lettre avec un sentiment de profond chagrin. Ne comprends-tu pas et ne sens-tu pas que, en exposant publiquement la tragédie qui s'est produite au diocèse de Souroj au moment de ton arrivée en Angleterre, tu as, non seulement déséquilibré la vie diocésaine (en équilibre avant ton arrivée) mais tu sapes le travail de plusieurs années réalisé par les autres et tu déshonores publiquement le nom de l'Église Russe dans toute l’Europe et l'Amérique ? Et le tableau que tu donnes, ne correspond pas le plus souvent à la réalité. Et combien l'irritation et le caractère vindicatif, le lecteur sans parti pris peut lire dans tes invectives personnelles sur Monseigneur Vassili et les autres

Tu écris que j'ai, moi-même, demandé au Patriarche de t'envoyer au diocèse de Souroj. D'abord il s'agissait de ta destination comme investigateur à l'université de Cambridge. 

Plus tard le métropolite de Smolensk et de Kaliningrad Kirill a dit que, pour m'aider, il ne te livrerait pas autrement qu'à la dignité d'évêque. Ce que j'ai accepté avec empressement, en attendant de ta personne un collaborateur sensible et intelligent. Je me suis trompé à ce propos: j'attendais une personne et il en est arrivé un autre. De plus, le premier jour de ton arrivée tu m'as dit cette phrase qui m'a profondément troublé : " Quand on m'a remis entre les mains la chirotonie, j'ai senti que j'étais maintenant l'évêque et que J’AVAIS LE POUVOIR ". Cela m'a choqué, puisque j’ai cru toute ma vie que nous étions appelés à SERVIR, et non à dominer. J'ai attiré ton attention sur ce point mais, à ce qu'on peut en voir, ce fut infructueux : dès les premiers jours de ton séjour parmi nous, par ton comportement autoritaire, tu as tellement réussi à dresser contre toi tout le clergé de Londres qui m’a demandé la permission d'arranger une rencontre entre nous afin qu'il puisse t'exprimer leurs émotions.

Cette rencontre n'a pas eu de bons résultats, tu n'as pas réussi à "entendre" le cri des âmes blessées et n’a seulement que reporter ton hostilité sur ceux qui te disaient la vérité réelle et sincère. Il est arrivé la même chose quand un autre groupe du clergé (Monseigneur Anatoly, un archevêque expérimenté et sincère, les archiprêtres Sergy Gakkel' et Mikhaïl Fortounatto) que nous avons rencontré avec toi et ils ont exprimé de l'embarras et ce à quoi, j'ai ajouté des remarques critiques. Tu as refusé de nous répondre. La confusion liée avec toi, a commencé de prendre de l'ampleur et "s'assombrir". Tu as commencé, en te servant de toutes les rencontres avec les paroissiens, de rassembler autour de toi tes admirateurs et tes partisans, en divisant de plus en plus la paroisse entre "les tiens" et "les autres". Je t'ai demandé de visiter les paroisses provinciales, ce que tu as fait avec un très grand succès, mais, cependant, après tes visites auprès d'eux, a commencé une division entre "les tiens" et "les autres" non seulement parmi les laïcs mais aussi parmi le clergé. 

Pour la première fois après cinquante trois ans de service en Grande-Bretagne et en Irlande a commencé à naître une aliénation mutuelle. Tu as commencé à t'adresser aux prêtres blâmant le fait que, même après plusieurs années du service, il ne leur avait pas été accordés de décorations ecclésiastiques. (En fait, je ne crois pas aux récompenses, trouvant que servir Dieu et les gens c’est le plus grand honneur qui puisse arriver à une personne, et cependant, on pouvait marquer le travail de plusieurs années par la seule Croix du service et par la dignité d'archiprêtre.) Tu attirais aussi l'attention des prêtres sur l'insignifiance de leur "salaire" et que certains d'entre eux cumulaient le service à Dieu et aux personnes avec le travail séculier, du fait que les paroisses en province sont peu nombreuses et que la vie pastorale ne peut remplir "une journée entière de travail". Moi-même, je cumulai quelques années le service de pâtre avec un travail de médecin à Paris. Le sujet pécuniaire comme le sujet des décorations, ont commencé à jouer un rôle qu'ils ne le jouaient pas avant (tu as, toi-même, demandé 40 mille livres.).

Et maintenant je veux passer au sujet principal et te dire quelques mots sur le diocèse-même de Souroj celui-ci étant "l'héritier des divers courants de l'histoire de l'Église moderne russe ". Avant la révolution, dans toutes les capitales il y avait des temples d'ambassade, après la révolution c'en fut fini, mais sont nés alors des centres de prière dans les chapelles, les églises qui étaient restées (comme à Paris) ou dans des églises privatives. Ils étaient servis par le clergé qui vivait déjà à l'étranger ou les proscrits nouvellement arrivés. Ils se distinguaient par une pauvreté extrême et cette foi russe ardente dans l'orthodoxie et pour la Patrie. La génération de mes parents et ma génération ont connu le Dieu "à la nouvelle manière" : avant la révolution le Dieu demeurait "dans la gloire" dans les églises et les cathédrales, ici le Dieu s'est ouvert à nous comme le Proscrit poursuivi dans notre Patrie ne possédant nulle part où sa tête eût pu se reposer". Avec Lui nous avons connu, avec étonnement, le Dieu-proscrit qui comprend tout, " Que personne ne peut être humilié plus bas que Lui ". 

Dans la pauvreté extrême des maisons et des temples, il vivait parmi nous, il était notre espoir et notre force, notre consolation et une inspiration. Et de ces profondeurs a sonné la voix de Berdiaev, nous disant que nous étions un troupeau non pas vaincu mais que Dieu nous avait élus pour que nous, avec nos faiblesses, apportions l'orthodoxie au monde entier. Et nous nous sommes vus d'une tout autre manière ainsi que les terres dont nous avions été expulsés. Nous y avons trouvé une vocation, ce dans quoi, avant il n’y avait qu’un chagrin inépuisable. Nous sommes devenus les témoins de l'orthodoxie et avons aimé nos pauvres qui nous ouvraient l'accès vers les plus malheureux.

Beaucoup d'années plus tard, quand j'ai rencontré le Patriarche Alexi Ier qui venait juste d'être sacré par les évêques, il m'a chargé de construire l’Église qui serait orthodoxe jusque dans ses profondeurs, de tradition spirituelle et théologique purement russe et serait ouverte à tous ceux qui cherchent Dieu ou ne le cherche pas encore quelle que soit leur nationalité et leur langue. En même temps la paroisse de Londres a mûri pour la réalisation de cette vocation. Les mariages mixtes se sont multipliés, les enfants ont commencé à parler russe moins librement. Alors nous avons ouvert l'école où on enseignait les langues russes et toutes les matières qui sont liées à la culture russe et à l'orthodoxie. Nous avons découvert que l'élément russe sommeille même dans les âmes des enfants, pour qui la langue russe n'était déjà plus la langue de leur pensée et de leur langage. 

Quand nous avons commencé à apprendre aux enfants les chansons russes, une fille s'est approchée et m'a dit : " J'avais toujours un sentiment que quelque chose dans mon âme dormait depuis que nous avons commencé à chanter les chansons sur des thèmes russes, c'est arrivé, comme si la main de quelqu'un avait touché des cordes sommeillant dans mon cœur et s'était mis à chanter ". Mais les mariages mixtes ont augmenté en nombre, de plus en plus de maris et de femmes ne sont déjà plus Russes d'origine (depuis de nombreuses années nous faisions les mariages en huit langues). Alors les membres russophones de la paroisse ont décidé d'introduire dans les offices divins la langue anglaise (jusqu'à cela j'ai célébré périodiquement à titre personnel pour de petits groupes d'enfants et de jeunesse en allemand, en français et en anglais). 

On a augmenté ainsi d'une paroisse multilingue et multinationale celle de la tradition purement russe. Et quand le Métropolite Kroutitsky Nikolay (Yarouchevitch) m'a proposé d'exercer mon service en Amérique, j'ai répondu que pour l'établissement ferme de l'orthodoxie multilingue et multinationale russe en Angleterre je demandais encore trente ans.

Ces années ont passé, et toi wladyka, tu aurais pu finaliser ce travail, en accueillant dans tes bras le flux immense des nouveaux émigrants russes. Mais tu as commencé à diviser les uns les autres tandis que, de par ta belle connaissance des langues, tu aurais pu devenir "tout pour tous". Je demandais pas de ne rien apporter de nouveau au diocèse, jusqu’à ce que tu ais été absorbé pas cette vie, parce qu’elle est vivante, mais tu as décidé de travailler à ta guise. Sur la remarque d'un prêtre sur ce que tu changais de notre pratique, tu as répondu : "il entre à sa guise, et moi à ma guise". Une telle construction n'était possible que grâce à l'OUVERTURE COMPLÈTE et MUTUELLE de tous les membres de la paroisse et du diocèse. 

Cette ouverture demandait, dès le début, la volonté d'écouter les uns ou les autres indépendamment de leur position hiérarchique car la vérité ne peut s'épanouir que dans la volonté d'écouter et d'entendre l'autre, qui qu'il soit. Tu n'as pas réussi à accepter cela. A la critique tu n'as répondu que par l'indignation, le sentiment d'humiliation et d'offense et n'a réagi que par une relation hostile envers ceux qui, non seulement, avaient droit de te parler franchement, mais croyaient de leur devoir de le faire devant toi et devant la communauté et l'Église et ainsi tout exprimer sans fard. De par les seuls principes d'une ouverture, j'espérais construire cette communauté composée de gens responsables, ne craignant pas de s'exprimer sur tous les sujets de la vie. Sur ces bases, nous construisîmes les conseils paroissiaux, les réunions paroissiales, les réunions des prêtres, les congrès du diocèse, les conférences épiscopales, bref, toutes les rencontres, au cours desquelles chacun pourrait tout dire de ce qu'il pense dans l'assurance qu’il serait entendu. Une telle approche exclut tout autoritarisme (" on ne discutent pas avec l'évêque "). Une telle approche demande l'acceptation profonde de l'autre, non comme un autre mais comme un ami, comme une particule du Corps Christique.

Après un court temps de séjour parmi nous, quand les relations mutuelles sont devenues trop tendues, j'ai décidé de convoquer toute le clergé pour une rencontre où chacun pourrait tout exprimer avec une discussion raisonnée des problèmes, installer la paix et ouvrir la voie vers l'ouverture et l'acceptation de la croix de l'un et de l'autre. Je suis conscient que ne pas t'inviter pour cette rencontre afin que tout le monde puisse s' exprimer et s'expliquer pour que s'ouvre la voie, puisse être épineux pour toi Hélas! Quelqu'un t'a fait connaître cette réunion. Tu es arrivé, a éclaté de colère lors d'un exposé d'une heure et l'unité possible a été perdue. Tu as fait cela sans communiquer avec moi. La réunion est devenue source d'accrochage verbal, séparant encore plus vivement "les tiens" et "les autres" et embrouillant tout dans de nombreuses consciences puisque la discussion de paix face à cette tempête qui a éclaté à cause de ton arrivée, est devenue impossible. Tes partisans ont même commencé à inonder le diocèse de littérature polémique, débauchant prêtres et laïcs pour ton camp", jusqu'à la participation active et nuisible de ta mère (qui pendant tout les mois de son séjour à Londres se m'a jamais approché ni même salué). 

L’idée d'une telle réunion où les croyants orthodoxes responsables auraient pu retrouver une conformité d'idées et une unanimité a alors chancelé. Tu n'as, de plus, œuvré qu'à approfondir la division, en te réjouissant que "plusieurs" aient pris parti pour toi, sans comprendre que des paroles de victoire ne devaient pas être sur celle des uns sur les autres mais sur celle de la reconstitution de cette unité, qui avait existé pendant 33 ans avant ton arrivée. Nous avions crée avec peine et la foi, une communauté responsable et mûre. Nous devons nous remettre à l'ouvrage. Tu t'es trouvé une raison (en fait un prétexte) pour une rupture. Je demandais après notre conversation à trois (avec toi, le seigneur Vasily et moi) de te demander présenter Svyatejchemou la pétition traduite par toi pour une autre chaire ou fonction. (La lettre envoyée par toi au Patriarche, que tu n'as pas trouvée nécessaire de montrer, chose que je ne demandais pas, te croyant sur parole)

Et maintenant, sans te contenter de cette révolte que tu as produite, toi et tes partisans avaient décidé mercredi, de porter toute cette obscurité des ennemis de langue étrangère, n’attendant qu'un prétexte pour inonder de boue notre Église martyre Russe. La diocèse "en devenir" (dans lequel s'étaient réunies les diverses nationalités du Christ pour, comme dans l'ancienne Église poser la première pierre de la future Eglise orthodoxe de l'Europe Occidentale dans la foi vivante et le sang des martyrs de l'Église Russe) serait alors perçu comme une communauté se désagrégeant, n'ayant pas résisté et ayant oublié la vocation. Dans tes interventions publiques, je vois, avant tout, que l'incompréhension agitation a frappé les hommes responsables du diocèse. Le seigneur Vasily, par exemple, attendait ton arrivée, comme nous, à cœur ouvert avec l'espoir de la coopération et du futur. Tu as vu inutilement chez lui de la malveillance. Cependant il est revenu de la Russie après la participation à ta chirotonie dans la confusion. Ils circulaient des rumeurs que, dès que je prendrais ma retraite, tu serais nommé par le métropolite Sourojsky juste quelques semaines après être devenu évêque, en tant qu'évêque le plus cadet de l'Église Russe. Cela allait contre toutes nos attentes et était incompatible avec la règle sur l'élection de l'évêque par la diocèse et l'acceptation de son Patriarche. Nous attendions que ma place soit reprise pr le seigneur Vasily, et étions étonnés, qu'était cette décision acceptée par Moscou sans nous avoir consultés? Toi-même, à ton arrivée m'avais communiqué la même nouvelle d'après le métropolite Kirill qui t'avait fait jurer que tu ne me raconterais rien de cela. Tu n'as pas estimé possible de me cacher cela en tant que confesseur. Mais quand, en vertu des rumeurs répandues, j'ai posé directement la question au seigneur Kirill, il m'a répondu que c'était un mensonge et qu'il ne t'avait rien dit de semblable... Comment éviter la confusion ?

Dans les actions du seigneur Vasily tu as vu l'hostilité à ton égard tandis qu'en fait sa réaction correspond à nos sentiments sur l'arbitraire semblable. Tout comme le seigneur Vasily et moi, les membres électifs des conseils diocésains et épiscopaux ont réagi mais sans cette méchanceté personnelle, que tu vois dans toute manifestation de désapprobation. Pour toi ils sont devenus des ennemis, tandis qu'en fait ils ne sont que les dépositaires de l'ordre du diocèse, nous protégeant de la gestion ОВЦС, à qui plusieurs Russes ne croient pas à cause des relations complexes existant encore peut-être jusqu'ici entre l'Église et l'État. Nous avons accordé en temps et lieu au Patriarche le croquis du Statut possible correspondant aux canons Universels, et aux Décisions de la Concile de 1917-1918, et aussi important, aux lois de la Grande-Bretagne. Le Patriarche à, à notre demande, réexaminé pour accepter ce Statut (s'il le fallait avec de petites corrections) mais il n'a pas pu répondre. Nous supposions que l'accord était tacite, en vue des mots qu'il m'avait été dits par le Patriarche décédé Alexie Ier "nous ne pouvons accepter ce statut par les temps qui courent, mais vivez selon lui".

Pendant les décennies il était impossible d'inviter quelqu'un venant de Russie dans notre diocèse à cause de la méfiance, que nous inspiraient certains hommes nous visitant aimés mais éloignés dans cette Patrie encore non libre. C'est pour cela que nous n'avons pas un nombre suffisant des jeunes prêtres russes. Jouant aussi un rôle dans ce fait, les circonstances de gêne monétaire (pendant beaucoup d'années nous ne voulions pas recevoir toute l'aide de la Russie pour que l'argent ne devienne pas des fers sur nos mains et nos pieds et sur l'essentiel, sur notre conscience et la liberté). Tout change maintenant, et on pourrait reconsidérer cela. Mais, en tout cas, le choix du prêtre doit être, absolument, pour nous. 

Si tu es venu chez nous par le prêtre et après quelques années se serait affaissé définitivement et par nous serait accepté, il n'y avait pas de problèmes présents. Je ne reviendrai pas contribution à l'étude du volume, comme l'archevêque Anatoly était forcé de prendre la retraite pour te céder la place. J'écrivais de cela séparément. Un cher seigneur, regrette l'Église Russe et ordonne à tes partisans de cesser l'activité subversive. Nous nous tairons tous, nous supplierons le Dieu du monde et nous remettrons à la construction du diocèse Sourojsky et ta nouvelle activité pour le bien de l'Église Russe en dehors des bas-côtés de la Grande-Bretagne et l'Irlande. Oui il y aura le Christ au milieu de nous!

Métropolite Antoine de Souroj

(NJ les RELIGIONS № 6 de 21.08.2002)

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INTERVIEW CONCERNANT L'EGLISE ORTHODOXE UKRAINIENNE DU PATRIARCAT DE KIEV ET DONNÉES INTÉRESSANTES CONCERNANT L'UKRAINE

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Une interview à lire sur le site du journal LA VIE  soulignant que le Patriarcat de Moscou est en train de perdre l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne



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D'autres éléments compléteront avantageusement cet article pour mieux comprendre la situation en Ukraine


Les nationalités et les religions en Ukraine : 

Les Ukrainiens «de souche» étaient 37,5 millions lors du recensement de  2001, ce qui correspond à 77,8 % de la population. Les russophones forment le second groupe avec 8,3 millions, soit 17,3 % des habitants de  l'Ukraine. En 1989, les Ukrainiens ne représentaient que 72,7 % et les  Russes 22,1%. Cet écart entre les deux groupes est principalement dû à la  chute de l'ex-URSS qui a entraîné le retour de milliers de Russes dans leur  patrie d'origine.


Bien qu'il y ait des ukrainophones partout dans le pays, les russophones  demeurent concentrés dans l'Est et le Sud. L'Ukraine occidentale est  ukrainophone dans une proportion de plus de 90%. À l'est, les oblasts de  Khartiv, de Loushansk, de Donetsk, de Zaporijjia et la Crimée comptent une majorité de russophones et d'Ukrainiens russifiés. Par exemple, en Crimée, 67 % de la population se considérait comme russes en 1989, contre 25,6 % comme ukrainiens. De façon générale, les Russes dominent dans les  centres urbains et les zones industrialisées. En simplifiant, on peut dire que l'Ukraine est partagée entre un Ouest ukrainophone et un Est russophone.



Source des schémas : http://www.les-crises.fr